Un matin de septembre, nous voilà en route pour la visite du jardin du domaine d’Orvès à La Valette-du-Var. Nos connaissances en botanique sont assez floues, évidemment nous savons reconnaître un chêne d’un pin, un géranium d’un jasmin, mais nous serions bien incapables d’argumenter sur la flore méditerranéenne ! Néanmoins sensibles aux beautés de la nature varoise, nous nous faisons un plaisir de cette visite commentée par le maître des lieux.

Le jardin du domaine d’Orvès : une histoire de famille

Ce jardin est une image d’Épinal de la Provence : une allée d’oliviers borde le chemin qui nous conduit à la grille en fer forgé ouvragé, on entend le doux bruit d’un ruisseau, la végétation est luxuriante. Depuis la grille d’entrée, impossible d’apercevoir la bastide cachée par les arbres, les bosquets et les massifs de fleurs…

Une fois dans l’enceinte du jardin, nos yeux ne savent où se poser tant on se croirait dans une toile de Monet. Deux bassins à nénuphars encadrent le premier niveau du jardin, la lumière perce les feuillages des oliviers, nos pieds foulent le gravier dont le son complète le tableau idyllique. Nous sommes sous le charme !

L’histoire du domaine traverse les siècles : même si aucun plan d’origine n’a jusqu’ici été mis à jour, il est fort possible que les jardins aient été construits en même temps que la maison principale en 1691. Après de nombreux aléas entre la Révolution et 1844, période pendant laquelle le domaine appartint à la commune et fut loué au Marquis de Castellane, il fut acheté par le peintre Pierre Deval et sa femme en 1925.

Pendant la guerre, le domaine est réquisitionné par l’armée allemande, qui y installe son quartier général et entreprend de tout détruire et de couper tous les arbres, y compris les oliviers multicentenaires de l’allée d’accès. Après la guerre, Pierre et Henriette Deval se remettent à l’ouvrage pour reconstruire et replanter, au moins autour de la maison principale, une grande partie des terrains en fermage et occupés par des cultures maraîchères.

Le domaine fut un lieu d’inspiration artistique et de visites des amis peintres du couple : Albert Marquet, Jean Launois, Jean Puy, Willy Eisenchitz, Claire Bertrand, les peintres de L’École de Toulon (Eugène Baboulène, Mentor, Pertus entre autres), photographes (David Eisenchitz) et musiciens, et aussi d’inspiration littéraire (Henri Bosco, Jean-Louis Vaudoyer, Pierre-Jean Jouve).

Depuis 1993, leur fille et leurs petits-enfants travaillent à la pérennisation du jardin et à sa reconversion en réserve botanique. En 2006, le domaine obtient le label « Jardin remarquable ».

Au jardin du domaine d’Orvès, le charme d’une visite hors du temps

Notre guide, propriétaire et jardinier des lieux, nous entraîne dans le dédale des allées, à travers ce domaine immense dont il maîtrise la moindre parcelle.

Humble face à ce trésor qu’il façonne chaque jour, il nous explique les restanques (terrasses) à rénover, nous conduit vers la chapelle et le grand bassin, les sculptures réalisées par Pierre Deval. Nous découvrons avec lui des variétés de plantes et d’arbres aux noms propices au voyage : magnolia de Chine, acacia d’Afrique Karou, désespoir des singes, poivrier de Sichuan, arbousier du Nouveau-Mexique…mais aussi images de la Provence : iris, eucalyptus, citronnier, bignone, laurier-rose, olivier, pin parasol…

Cette visite met nos sens en éveil : le jardin s’étend à perte de vue, les insectes bourdonnent, crissent à nos oreilles, les senteurs des fleurs, feuillages nous enveloppent de délice. Le dépaysement est total : le jardin nous emporte en féérie.

 

Rêverie au jardin du domaine d’Orvès

Vivez cette expérience... Go !